Enseignant (2)
Une intervention sur l'homophobie un peu intrusive
Concernant SOS Homophobie, il y a des points positifs à noter, le fait que des bénévoles s’investissent et osent affronter un public scolaire sans être véritablement habitué à ce type de contact, mais restituant les informations de façon très plaquée par rapport à ce qui leur a été dit pendant leur formation. Intervention gratuite, semblant justifier l’agrément donné par l’Education Nationale.
Pour les points négatifs:
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1 seule journée de formation pour des intervenants provenant d’un monde du travail souvent radicalement opposé à la gestion d’un groupe scolaire, cela semble très léger, surtout quand on constate nos propres limites en éducation à la sexualité, alors qu’on a eu 6 jours de formation, et, qu’en tant qu’enseignants, on a l’habitude de dialoguer avec des adolescents.
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intervention en classe entière (35 élèves l’an passé pour les 2de, 28 pour les 1ères S!) ne permettant pas un véritable échange.
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non respect de la nécessité absolu de rester dans la sphère publique, avec notamment un dernier ‘'jeu” très intrusif intitulé: “qui qu’en est?”!
Le principe était que les élèves, sur un papier, disent si selon eux, les 2 intervenants étaient homo, hétéro, transsexuel etc. en se fondant uniquement sur les apparences, sur l’impression que leur ont fait les 2 intervenants, un homme et une femme. Cela aurait pu à la limite permettre de rompre avec les clichés, mais malheureusement, il s’est avéré que les 2 intervenants étaient homosexuels, confirmant les élèves dans les stéréotypes qu’ils pouvaient avoir (après une intervention prétendant lutter contre).
Ainsi, la femme exerçant un métier physique, manuel, qualifié de “masculin”, cheveux courts, était bien lesbienne. Et l’homme, qui ne rentrait pas dans les canons de l’hyper-virilité, était également homosexuel. Qui plus est, le récit de leur coming-out auprès de leur famille renforçait l’image stéréotypée des homophobes: milieu militaire, catho, Est de la France. Et dernier effet contre-productif à mon sens: défendre la cause des homosexuels est une affaire d’homosexuels, ce qui peut d’ailleurs rendre moins objectif leurs interventions pour les élèves.
Une dernière activité: les élèves posaient toutes les questions qu’ils voulaient sur des papiers, même très personnelles, et les intervenants y répondaient. C’est ainsi qu’ils ont été amenés à raconter leur coming-out.
Les élèves de 1ère ont trouvé cela gênant, qu’il n’y avait pas besoin de connaître leur vie privée, après avoir craint dans un 1er temps que le jeu du “Qui qu’en est?” les concernerait eux, et qu’ils auraient à dévoiler leur orientation sexuelle! Les 2de, peut-être plus marqués par ce qui relève de la télé-réalité, ont trouvé bien le côté témoignage, sans en voir les effets pernicieux et le voyeurisme engendré.