Enseignant (1)
Je suis enseignant dans le secondaire, établissement public dans une académie où des sessions de formation à l’Éducation à la sexualité existent depuis plus de 10 ans à l’intention des enseignants.
J’ai suivi le premier module (initiation/ 3 jours) en 2015, puis le second (approfondissement / 3jours) en 2017.
Je parlerai du second module aujourd’hui :
1 les objectifs généraux :
Champ biologique
Champ psycho affectif
Champ social
2 objectifs spécifiques :
> Faire de la prévention ; dédramatiser, « séréniser le débat, travailler sur le consentement (champ juridique et champ psycho affectif), être dans des relations plus respectueuses, aborder l’impact des images (effraction psychique de la pornographie) dénoncer l’hypersexualisation , exercer un regard critique vis-à-vis de celle-ci. Informer (lois, informations scientifiques, les valeurs de notre société)
Les champs d’application pour les enseignants :
-co-animer un atelier de 2 heures avec un groupe de 15 jeunes
- Dans sa discipline l’enseignant peut croiser. Exemple en Français ; dire l’Amour. En anglais : l’égalité hommes femmes aux USA etc…
I. La co- animation. Pendant les 3 journées nous avons donc expérimenté des activités que je ne vais pas développer ici. Insistance des formateurs sur :
Les 5 premières minutes :
> l’accueil
Rassurer , mettre en confiance
Adhésion
Se présenter et il faut que le groupe puisse exister donc lui donner la parole.
Le cadre : on ne parle pas de sa sexualité, respect de la parole de l’autre
Les 5 dernières minutes :
> Fermer la séance : remercier
> Pont sur le futur : Docs sur lieux ressources , personnes ressources.
> Évaluation (retour nécessaire pour les intervenants)
Question : est ce qu’on distribue le préservatif avec les documents ?
Réponse : NON. Il faut savoir séparer la sphère adulte et la sphère adolescent. Il
y a un côté intrusif en distribuant le préservatif.
Les activités, les outils :
Nous expérimentons les outils, cela ne reste pas théorique : petits groupes, une
consigne, l’activité est intéressante, ludique aussi et permet de faire émerger
des représentations surtout sur lesquelles on va travailler.(par ex : les
préliminaires. Aujourd’hui ça veut dire fellation chez les ados et non bisous,
câlins)
Au cours de ce module d’approfondissement il est clairement proposé de
travailler davantage sur les stéréotypes, les clichés, l’égalité homme-femmes.,
les représentations sur les rôles.
II. Nous avons également des apports théoriques.
Travaux de Christine DETREZ sur les stéréotypes présents dans les médias, les
encyclopédies, les pub, les magazines, les clips etc…
Catherine VIDAL, neurobiologiste sur la plasticité du cerveau
S. TISSERON, psychanalyste. Eclairage théorique sur le comportement des
adolescents.( désir d’extimité que Lacan avait déjà perçu)
Jocelyn LACHANCE, anthropologue sur les objectifs recherchés par les
adolescents d’aujourd’hui., souvent faire la preuve de .. pour être bien vu du
groupe.
III. Situations et lois
Nous avons travaillé sur 5 études de cas . Les questions étaient : quelles suites
pourraient être données à cet évènement dans le cadre de l’établissement
scolaire et au regard de la loi ?
Cela nous a permis de revoir les textes de loi les plus importants, notamment
l’article 227-23 du code pénal sur « fixer, enregistrer et diffuser des images à
caractère pornographique ». On a revu la majorité sexuelle (terme qui n’existe
pas à proprement parler mais qui place la barre de l’âge du consentement à 15
ans car avant le jeune n’a pas la maturation psychique pour prendre une
décision éclairée.)
Question soulevée : la qualification « incestueuse » pour une agression n’est
pas reconnue par la loi. Vrai ou faux ? Article 44 Mars 2016 qualifie qui seraient
les auteurs. La liste : un ascendant, un frère, une soeur, un oncle, une tante, un
neveu, une nièce, les concubins. Nous sommes étonnés de ne pas voir la
mention de cousins-cousines.
Des questions de révision de textes de lois sur la pornographie, relation adulte-mineur,
fellation /viol, mariage du même sexe et adoption, exhibitionnisme, position d’autorité.
IV. Question d’un participant : que pensez- vous du site « On s’exprime » ?
Captures d’écran des pratiques sexuelles : Pratique anale/ levrette/ sur le dos /
lecture du texte informatif . Quelques enseignants montrent que cela les
chiffonne un peu.
Puis lecture de commentaires sur ce site dont :
Tom : « Quel site porno pour nous donner du plaisir car il y en a plein mais le
quel est le mieux ? »
Nicolas, community manager : « Cela dépend des gôuts »
Les enseignants sont étonnés qu’il n’y ait pas eu le rappel de la loi sur la
pornographie, interdite aux moins de 18 ans.
Réaction des formateurs :
« Ca c’est le ministère de la Santé, ce n’est pas le ministère de l’Education
Nationale. »
« Il y a suffisamment de points positifs dans ce site. C’est mieux que d’aller sur
des sites porno. Les pratiques sexuelles ne représentent qu’une toute petite
partie du site. D’ailleurs au fond les pratiques montrées sous forme de pliage
sont des pliages et non pas des acteurs, des humains et ce n’est pas sans cadre
(puisque c’est le ministère de la santé qui le propose). C’est un moindre mal
mais ce n’est tout de même pas comme ça que nous (formateurs) allons en
parler avec nos élèves : on n’aborde pas les pratiques, ni les postures : c’est la
sphère privée.
Sur les commentaires postés par un jeune concernant la zoophilie et l’absence
de régulation adéquate du community manager : un formateur affirme :En
effet la loi ne l’interdit pas sauf pour la protection des animaux pas pour la
protection des humains . C’est interdit dans le but de protéger l’animal.
V Rappel sur la sphère publique et la sphère privée
Historique et tendance actuelle : la sphère publique devient envahie par la
sphère privée. C’est poreux. Alors qu’ avant il y avait un consensus social,
collectif sur cette séparation aujourd’hui c’ est poreux. Chacun met sa propre
limite. Cela va avec le développement de l’individu aux dépens du collectif. Cela
ne veut pas dire que la sphère privée disparait mais elle devient personnelle.
Les médias favorisent cette interférence, ils ne la provoquent pas, ils sont
caisse de résonance. (S Tisseron + J Lachance).
L’analyse n’ira pas au-delà. La privation de l’intime n’est pas abordé, la
nécessité de recréer un espace intime, intérieur. L’impact des sollicitations et
tout ce qui vient effracter cet espace intérieur n’est pas développé.
Le consentement :
Proposition d’outils :
- un scénario « Paul et Virginie » à partir duquel les ados pourront réfléchir sur
les conséquences du non consentement pour la victime et pour le coupable ;
imaginer un autre scénario : comment cela aurait il pu être évité ?
-Vidéo : la tasse de thé
Aucun apport scientifique sur le processus d’emprise ni sur la mémoire
traumatique. Les formateurs connaissent les travaux de Dr Salmona mais peutêtre
qu’on n’ a pas le temps d’aborder le sujet.