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Ralph UNDERWAGER

Fiche d'identité:

  • Né en 1929 à Saint-Louis dans l'Illinois.

  • Pasteur, il s'est ensuite formé à la psychologie.

  • A partir de 1984, tout comme Richard Gardner, il a défendu de nombreux types accusés d'abus sexuels, invité à parler de sa théorie des "faux souvenirs" lors de leurs procès. A la fin des années 80 il en avait fait 200 comme cela, aux USA, en Australie, en Angleterre, au Canada et en Nouvelle Zélande.

  • Cette théorie a été très utile pour nier les abus rituels dénoncés par des centaines d'enfants de crèches et maternelles. Underwager disait que les enfants avaient subi des lavages de cerveau par les travailleurs sociaux ou les psys qui les ont vus, et qu'on leur avait inculqué de faux souvenirs.

  • En 1985 il a créé VOCALS (Victims of Child Abuse Laws), un groupe de défense des personnes accusées d'abus sexuels sur mineur par les services sociaux.

  • Toujours durant la vague des abus rituels, il est l'un des membres fondateurs de la False Memory Syndrome Foundation, qui a mené un lobbying acharné afin de nier la parole des enfants, surtout s'ils parlent d'abus rituels.

 

Un défenseur acharné de la cause pédophile

Underwager et sa femme Hollida Wakefield ont créé l'Institute for Psychological Therapies dans les années 70, avec comme principale activité les "abus sexuels sur mineurs". Cela leur donnait une sorte de label pour intervenir dans les médias, dans les procès, dans des colloques, toujours pour nier la parole des enfants. La revue de cet institut attaquait méthodiquement tous les éléments qui permettaient de prouver des abus ou de condamner les pédophiles, comme le registre des agresseurs sexuels.

Quant à l'association VOCALS (disparue depuis longtemps), qui revendiquait 3.000 adhérents en une année d'existence, elle a notamment milité contre les cours de prévention des abus sexuels dans les écoles ou pour la restriction des signalements. Le but était de réduire fortement le nombre de condamnations pour abus sexuels contre les mineurs, en utilisant divers moyens parmi lesquels le dénigrement de la parole des enfants occupe une place importante.

En 1993, Underwager a donné une interview mémorable à une revue pédophile hollandaise, Paidika, ce qui lui a valu de se faire virer de la False Memory Syndrome Foundation [1]. Il avait expliqué que la pédophilie était "la volonté de Dieu" et avait critiqué les méthodes utilisées pour déterminer l'existence d'abus sexuels, qui entrainaient des condamnations injustes.

Underwager a gagné sa vie en tant qu' "expert" en voyageant à travers le monde pour défendre les types accusés d'abus sur mineurs. Il se vantait ainsi d'avoir conseillé les avocats de Woody Allen, accusé par son ex d'avoir agressé leur fille de 7 ans. Avec laquelle il s'est ensuite marié.

Il a aussi déclaré que les "preuves scientifiques" montraient que 60% des femmes abusées sexuellement dans leur enfance ont déclaré que l'expérience avait été positive pour elles. Vraiment pas de quoi fouetter un chat, en somme.

"Underwager a dit qu'il pense que les féministes étaient jalouses de la capacité des hommes à aimer d'autres hommes ou des enfants et qu'elles ont développé une hystérie contre la pédophilie", pouvait-on lire dans le Sunday Times du 19 décembre 1993.

L'affaire de Cleveland

Dans les années 80, la "panique satanique" a atteint l'Angleterre également, avec avec plusieurs affaires retentissantes, dont celle de Cleveland. Des enfants de plusieurs familles ont été repérés par les services sociaux comme victimes d'abus sexuels dans le cadre familial, mais aussi hors du cadre familial. Des enfants ont aussi décrit des pratiques rituelles. Dans cette histoire, on parlait de 121 enfants potentiellement concernés dont 93 ont été considérés en danger par des tribunaux.

Pour mieux enterrer le dossier, la juge Butler Sloss (qui a été nommée il y a 2 ans pour diriger la commission d'enquête sur l'étouffement des affaires de pédophilie dans les écoles, les orphelinats, les hôpitaux, à la BBC, dans les appartements de députés et ailleurs, et cela depuis les années 50. Mais elle a du démissionner en raison de ses trop nombreuses connexions avec des mis en cause) a appelé Underwager à la rescousse.

Il a fait ce qu'il a toujours fait, c'est-à-dire décrédibiliser les propos des enfants en parlant de leur "suggestibilité", en mettant en cause l'analyse de leurs dessins, en déclarait qu'aux USA, "65% de toutes les accusations" étaient non fondées...

Au final, la plupart des enfants ont été rendus à leurs familles, même quand il y avait des preuves qu'ils ont subi des abus sexuels (ce qui n'est pas sans rappeler l'affaire d'Outreau, par exemple). Dans un certain nombre de cas, selon une des thérapeutes qui avait examiné les enfants, un agresseur sexuel vivait au domicile familial.

Les experts qui avaient pris au sérieux les déclarations des enfants ont été attaqués par voie de presse, mais aussi dans le tribunal, et avaient l'interdiction de prendre la parole publiquement, y compris dans les médias. La seule version qui était donc diffusée, comme à Outreau, était celle des avocats qui défendent les accusés.

Les familles incriminées se sont lamentées de leur sort à la télévision (même quand ils avaient déjà été condamnés pour des abus sur mineurs), et ont réclamé des compensations pour avoir été injustement poursuivies.

Pourtant, il y avait selon l'un des enquêteurs "des éléments sinistres de sadisme, de rituels et de torture" sur les enfants. Et selon plusieurs psychologues et psychiatres qui avaient examiné les enfants, une grande partie d'entre eux étaient bien victimes d'abus sexuels.

L'affaire de Cleveland, largement médiatisée, a ensuite permis de montrer aux autres experts qu'il valait mieux avoir la main légère sur les signalements, et dans le coin on a constaté une baisse des cas signalés par les pédiatres après l'affaire de Cleveland. Moins d'enfants ont été reconnus victimes ou retirés à leurs parents, et ceux qui l'étaient étaient encore plus marqués par les abus qu'auparavant.

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[1]La fondation lui a demandé de dire qu'aucun rapport sexuel entre un adulte et un enfant n'est acceptable, mais il a refusé car selon lui cette affirmation n'est pas "basée sur la recherche scientifique".

L'inventeur de la théorie des "faux souvenirs"

L'affaire de Cleveland (en)
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